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27/09/06 - 15/10/06

Le haut prix d'être civil en Palestine.

retranscription - intervention par téléphone
d'un membre du CUP, en direct de Ramallah
lors de la table ronde artAction
”Liban et Palestine: le haut prix d’être civil”

Ramallah, le 28 septembre 2006

Depuis El Bireh, à Ramallah, j’aimerais vous parler du mur et des conséquences sur la vie quotidienne des palestiniens et des palestiniennes.

J’aimerais tout d’abord vous raconter une expérience que j’ai vécue il y a trois jours en traversant le check-point de Naplouse. En rentrant je n’ai eu aucun problème mais en sortant, j’ai montré mon passeport et le soldat m’a demandé quelle était ma nationalité et je lui ai répondu: "Swiss". Avec un sourire narquois il m’a répondu: "Why are you swiss? why aren’t you american?". Je n’ai fait aucun commentaire à une remarque aussi stupide. Essayez maintenant d’imaginer ce que peut vivre un palestinien au quotidien en traversant n’importe quel check-point ou les portes du mur? Ce que j’ai vécu n’est rien face aux humiliations des palestiniens et des palestiniennes: par exemple, les hommes doivent lever leur chemise pour montrer leur abdomen, pour prouver qu’ils n’ont pas des explosifs sur eux, parfois les soldats utilisent la pointe de leur fusil pour enlever le voile des femmes...

Ce matin, lorsque je suis allée faire mes courses, et comme partout dans les pays mediterrannéens, la vendeuse et moi avons échangé un moment de discussion, tout naturellement. Nous avons parlé de l’occupation, du mur et de sa souffrance de ne plus pouvoir voir sa famille (sa mère, son père, ses soeurs) depuis plusieurs mois car elle n’a pas d’autorisation pour se rendre de l’autre côté du mur. Pendant le Ramadan, les familles, les amis se rendent plus souvent visites et ils/elles aiment rester plusieurs heures à discuter des uns et des autres. C’est une coutume historique et un devoir familial et social important, selon eux/elles, les liens se renforcent en se voyant et passant du temps avec la famille. Elle est profondement triste de pas pouvoir fêter le Ramadan avec sa famille alors qu’ils habitent de l’autre côté du mur. C’est-à-dire à 800 mètres de chez elle.

Le mur d’apartheid construit par le gouvernement israélien en 2002 divise territorialement des villes et des villages entiers et coupe en plusieurs parties la Cisjordanie créant ainsi des espèces de bantoustans isolés les uns des autres. Plusieurs milliers d'hectares de terres sont volés aux paysans palestiniens. Le mur détruit la vie économique. Les familles vivant souvent dans le même village ou un village voisin sont fragmentées, isolées, plus de contacts, plus de relation entre elles.

En additionnant les annexions déjà réalisées du Nord de la Cisjordanie et en rajoutant celles qui sont en voie de réalisation comme dans la région de Salfit, pour connecter les blocs des colonies d’Ariel et de Shomron; et pour relier à Jérusalem les colonies de Etzion, Giv’at, Ze’ev et Ma’ale Adumin, le gouvernement israélien va annexer 554 km2 de terres palestiniennes. Cela représente 9,5 % du total du territoire. Les terres les plus fertiles sont volées comme dans la region de Jayyus, Qalqiliya et Qaffin, à Tulkarem. Des familles entières sont dépossédées de leurs terres ce qui les laisse sans aucun recours économique.

Parfois la pression internationale peut avoir un effet mais sans vraiment changer la réalité sur le terrain. Le gouvernement d’occupation dans une tentative pour masquer ses intentions expansionnistes détruit une partie du mur et le reconstruit tout en organisant une mascarade médiatique mensongère et malhonnête.

Rappelons que 70% de la population est au chômage, rappelons que l’UE et les Etats-Unis ont décidé depuis 6 mois un boycott contre l’autorité palestinienne pour avoir organisé des élections libres et démocratiques. Aux checkpoints, pour les palestiniens qui ont du travail ou pour ceux et celles qui étudient de l’autre côté du mur, l’attente peut être très longue et pénible sous le soleil ou par le froid en période d’hiver. De même, des ambulances peuvent se retrouver bloquées des heures sans pouvoir secourir personne.

Je vous décris un tableau sombre et décourageant mais c’est la réalité de la Palestine, c’est la réalité quotidienne de millliers de Palestiniens et de Palestiniennes. C’est une réalité que je vois souvent, pas tous les jours heureusement, mais beaucoup trop souvent.


 

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