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Un accident de voiture
témoignage de Mary
en séjour en Palestine - 29/09/09

Al-Mas'arah est un petit village en Cisjordanie au sud de Bethlehem dans lequel les missions civiles du CUP se sont rendues à plusieurs reprises pour aider à la cueillette des olives. Nous avons aussi participé aux manifestations pacifiques du vendredi dont Qahar Aladeen faisait aussi certainement partie. Les autorités israéliennes ont encore récemment confisqué 170 hectares de terre palestinienne pour agrandir la colonie d'Efrat et les militaires ne cessent de harceler la population aussi bien le jour que la nuit. La répression devient de plus en plus violente alors que la population ne baisse pas les bras et persévère avec un courage admirable sa lutte avec des moyens pacifiques. A la lecture du rapport de l'accident, l'ignominie des militaires et des ambulanciers israéliens ayant refusé de transporter Qahar le palestinien alors qu'ils transportaient la journaliste française vers un hôpital israélien nous met le cœur en larme. Qahar en est mort. Que la honte poursuive à jamais ceux qui l'ont laissé mourir sur le bord de la route.

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Le 14 septembre, Qahar Aladeen est décédé dans la soirée à la suite d’un accident de voiture. Jeune homme de 29 ans, instituteur dans l’école du village d’Al Ma’sra, militant actif, père de deux très jeunes enfants, Qahar était un homme généreux, souriant, aidant, très humain. De nombreuses personnes venant de l’étranger ont pu le rencontrer lors des manifestations hebdomadaires. Sa jeune femme Tasneem a fait partie d’un groupe de femmes palestiniennes qui ont été reçu dans le Vercors par l’Association Trièves-Palestine. Quelques semaines avant son accident Qahar avait accueilli chez lui plusieurs internationaux pendant une quinzaine de jours.

Le soir de l’accident, Qahar voulait rendre service à une journaliste française, venue faire un documentaire sur le sport en Palestine. Il est parti en voiture pour l’amener dans un village proche, connu pour son équipe de football. Sur la route sa voiture est tombée en panne. Il a téléphoné à un taxi pour les amener au match. C’est à un carrefour que l’accident a eu lieu.

Les soldats israéliens sont arrivés immédiatement sur place. Il faut dire qu’ils surveillent cette route, entre autre, à cause de la proximité d’un grand colonie, construit illégalement en terre palestinienne. Les soldats ont tout de suite établi un périmètre autour de la voiture, empêchant des Palestiniens de s’approcher. Par contre les soldats n’ont pas arrête la circulation sur la route, ce qu’ils font chaque fois s’il s’agit d’un accident concernant des israéliens. Ils ont téléphoné pour qu’une ambulance israélienne vienne. En effet chaque colonie possède sa propre ambulance, et une ambulance a pu se rendre rapidement sur place. Il y avait deux blessés graves, la Française et Qahar. Le chauffeur a été tué dans le choc de la collision. L’ambulance israélienne a tout de suite amené la Française à Jérusalem, au grand centre hospitalier d’Haddassah. Utilisant les routes des colons ils ont pu faire le trajet dans une vingtaine de minutes. Mais Ils ont laissé l’autre blessé, Qahar, sur place. Ils ne lui ont accordé aucun soin. Ce sont donc les Palestiniens témoins de l’accident qui ont dû téléphoner à l’hôpital de Bethlehem pour faire venir une ambulance. Dans les villages palestiniens autour, il n’y a pas de médecin. L’ambulance circulant sur les routes palestiniennes a mis 30 minutes pour arriver sur place. Encore 30 minutes pour ramener Qahar à l’hôpital, le temps de l’examiner, il est mort sur la table de l’opération, probablement d’hémorragies internes.

La jeune Française a survécu. Deux êtres humains, deux traitements différents. Il n’y avait rien qu’empêchait l’ambulancier de soigner les deux blessés. Ils auraient pu amener les deux blessés à Haddassah. Cela a été fait dans le passé. L’ambulancier et les soldats ont choisi de ne pas le faire.

On pleure la mort de Qahar. On se promet de continuer sa lutte pour le village et pour le Palestine. Reste malgré tout un sentiment amer qui subsiste. Les circonstances entourant l’accident choque nos sensibilités d’internationaux. Nos amis palestiniens, eux savent que cela fait partie de leur quotidien. Ils le vivent tous les jours.

 

Mary


 

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